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    Géronimo , l'Ame de la Résistance Indienne

       

      

    Le 17 février 1909, un vieil homme au regard noir et perçant, dont les fines lèvres serrées fendaient un visage tanné par le soleil et les épreuves, et qui répondait au nom de Goyathlay, c’est-à-dire « celui qui baille », s’endormait pour toujours à l’âge de quatre-vingts ans, soufflant ces derniers mots « O ha le, o ha le », « j’attends que les choses changent »…

    Il avait vu le jour en 1829 à Nodoyohn Canyon, au bord de la rivière Gila, dans les gorges tortueuses et dentelées de l’aride Arizona, au sein de la tribu des Apaches Bedonkohe. Il vivait fièrement et paisiblement selon les traditions apaches sur la terre de ses ancêtres, avec ses trois frères, ses quatre sœurs, Taa di tlish hn, son père, et Gha den dini – « celle qui est traversée par la lumière », sa mère. « Quand j’étais enfant, ma mère m’a enseigné à me mettre à genoux et prier Dieu pour la force, la santé, la sagesse et la protection », dira-t-il.

     

      

    A la mort du pater familias, la famille s’installe dans un campement de Chihennes – les gens de la peinture rouge – puis Goyathlay épouse à dix-sept ans une femme de la tribu des Apaches Chiricahuas qui lui donne trois enfants. Son hogan construit, l’Apache cultive le maïs, le mil et les haricots pour subvenir aux besoins de sa famille et fait office de chaman, c’est-à-dire homme-médecine. En tant que membre du conseil de guerre des Apaches, il participe à la protection de son peuple contre les attaques, alors essentiellement mexicaines, qui sévissent depuis plusieurs décennies déjà.

    Le 6 mars 1858 rentrant d’une expédition à Janos, Goyathlay découvre sa mère, sa femme et ses trois enfants massacrés. Une compagnie mexicaine de quatre cents soldats, sous la houlette du colonel José María Carrasco, a décimé le campement pendant l’absence des hommes ; jour tristement connu sous le nom de massacre de Kas-ki-yeh. Goyathlay crie « son cœur noir de haine » envers les visages pâles et décide de lutter contre les envahisseurs Mexicains et Américains des terres apaches.

    Avec l’aval de son chef Mangas Coloradas, déjà très impliqué dans la résistance contre l’occupation des territoires amérindiens, Goyathlay va trouver Cochise, grand chef de guerre des Chiricahuas, et le convainc de se rebeller contre les invasions colonisatrices, contre cet « homme blanc » qui veut « tuer l’âme indienne », comme un rêve prémonitoire le lui avait révélé la veille du meurtre des siens.

    Les trois hommes jouent alors un rôle décisif dans la défense du peuple indien, et travaillent à l’unification de la nation Apache en vue de décupler les forces et les actions offensives

    Le 30 septembre 1859, jour de la Saint Jérôme, ni la pitié, ni l’indulgence, ni aucune compassion ne brille dans l’œil de l’Apache. Non, c’est une colère enragée et haineuse qui anime l’indien à l’heure où la vengeance a sonné. Le voilà avec ses hommes à l’assaut des troupes mexicaines. Pas de quartier. L’ennemi tombe et implore dans son épouvante le saint du jour « Santo Geronimo, Santo Geronimo ! ». C’est décidé Goyathlay s’appellera désormais Geronimo en souvenir du jour où il a vengé sa famille, et avec elle son peuple.

    Dès lors la terreur est à double sens. Les visages pâles ont réveillé la fureur des peaux rouges : meurtres et pillages vont ponctuer une interminable expédition punitive, au-delà des trêves passagères.

    En 1860, Cochise est accusé de l’enlèvement d’un jeune garçon blanc. Venu avec les siens pour se disculper et clamer son innocence, les Américains retiennent en otage les Apaches. Cochise et sa femme réussissent à s’échapper mais les prisonniers sont tous pendus.

    Peu après, Geronimo participe à la sanglante bataille d’Apache Pass dont il sort victorieux. En 1863, malgré le désaccord de Geronimo, Mangas Coloradas part signer un traité de paix avec les hommes blancs dans la petite ville d’Apache Tejo. Torturé à mort, le grand chef ne reviendra pas.

    Les représailles sont sévères pour les « Anglos ». Fondus dans la nature, perchés dans les canyons, invisibles, les Apaches embusqués se ruent sauvagement sur les diligences de colons qui eux-mêmes se ruent vers l’or, ou sur les soldats de la guerre de Sécession en route vers la Californie. C’est de bonne guerre, pourrait-on dire.

    Le 30 avril 1871, au petit matin, cent cinquante mercenaires Anglais, Mexicains et Indiens Papagos attaquent un camp Apache endormi. Une centaine d'innocents, femmes et enfants pour la plupart, sont laissés pour morts et les survivants placés en esclavage.

    La même année, les Apaches Chiricahuas négocient un traité de paix avec les Etats Unis et acceptent de vivre dans une réserve indienne sur leurs terres. Quelques années après, les autorités ferment la réserve et déportent les Apaches vers un autre camp, sur la terre aride de San Carlos (ce sera ensuite la Floride, puis l’Oklahoma)… Geronimo parvient à s’enfuir pendant la migration avec Naiche, le fils de Cochise. Il revient au camp, s’évade, revient à nouveau, s’échappe encore et se rend toujours, comme s’il était investi d’une mission de protection envers son peuple.

    Celui qui a toujours lutté contre le découragement de ses hommes – quand certains prévoyaient l’issue inévitablement fatale d’un combat vain, et d’autres préféraient se soumettre à l’ennemi et lutter contre leurs frères résistants – s’est distingué par ses exploits audacieux. C’est accompagné de dizaines de guerriers et d’une centaine de femmes et enfants qu’il a réaliséses dernières évasions, légendaires.

    Il faut sortir la cavalerie lourde : cinq mille soldats américains, des milliers de miliciens volontaires, et cinq cents éclaireurs apaches sont envoyés au Mexique à la recherche du fuyard et ses hommes. Sont-ce les traitres indiens qui ont eu raison de l’abandon du chef indien ? Possible, si l’on en croit ce texte du général Crook, chargé de la capture du rebelle : « Rien ne les abat comme de voir leur propre peuple se retourner contre eux. Il s’agit moins de les capturer plus facilement grâce à des Indiens que d’atteindre un but plus ambitieux, plus durable : leur désagrégation ».

    Geronimo refuse donc d’abord de signer un traité l’obligeant à se rendre dans un camp en Floride, puis capitule le 4 septembre 1886 : « C’est la quatrième fois que je me rends. Autrefois j’allais comme le vent, maintenant je me rends, c’est tout » dit-il. Ce sera aussi la dernière.

    Las, fatigué de lutter pour une cause perdue, Geronimo met fin à ses cavales et aux guerres indiennes. Il vit désormais, parqué comme du gibier sous étroite surveillance dans un camp de Floride, loin de sa terre natale : « Je suis né dans les prairies, là où les vents soufflent librement et où rien n'arrête la lumière du soleil. Je suis né là où il n'y a pas de barrières ». Les Apaches emmurés dans une région qui n’est pas la leur ont du mal à s’adapter au climat humide de la Floride. Beaucoup tombent malade, d’autres meurent.

    Transféré à Fort Hill dans l’Oklahoma l’année suivant, Geronimo devient fermier, se convertit au christianisme et assiste à la cérémonie d’investiture de Theodore Roosevelt en 1905. Il dicte à un journaliste ses mémoires, tout en avouant regretter s’être rendu et fait part de son vœu de reposer près de la rivière Gila qui l’a vu naître.

    Le « pire des indiens qui ait jamais vécu » pour les blancs, le plus brave pour les siens, celui qui marchait sans laisser de traces et qui « par ses pouvoirs » devinait la présence de l’ennemi, celui qui savait anticiper ses actions et que ses hommes pensaient sous la protection du dieu Usen, « le donneur de vie », celui qui peignait lui-même le visage de ses guerriers pour les protéger et qui a défendu sa culture et sa terre envers et contre tout ; Geronimo, défenseur d’un peuple, âme de la résistance apache.


    Albane de Maigret

      

    PAROLES

      

     
    " Je suis né dans les prairies, là où les vents soufflent librement et où rien n'arrête la lumière du soleil. Je suis né là où il n'y a pas de barrières…"
    " J'ai été chauffé par le soleil, bercé par les vents et abrité par les arbres, comme tous les bébés Indiens…"
    " Quand j'étais enfant ma mère m'a enseigné à me mettre à genoux et prier Dieu pour la force, la santé, la sagesse et la protection...."
    " Il y a un Dieu qui nous regarde. Nous sommes tous des enfants de Dieu. Le soleil, l'obscurité, les vents écoutent ce que nous avons à dire…"
    " Je vivais paisiblement quand les gens ont commencé à parler mal de moi…"
    " Les soldats n'ont jamais expliqué au gouvernement le tort qui a été fait aux Indiens, mais ont rapporté leurs méfaits… "
    " Autrefois j'allais comme le vent. Maintenant je me rends, c'est tout… "
    " Nous sommes en train de disparaître de la surface de la terre, mais je continue à croire qu'il doit y avoir une bonne raison pour que Yoséné #Dieu# nous ait crées. Il a donné vie à toute une variété d'espèces d'hommes. Ainsi pour chaque espèce créée, Il désigna un pays particulier. Lorsque Yoséné créa les Apaches, Il leur donna un pays qui se situe à l'ouest. Pour nourriture Il leur remit des graines, des fruits et du gibier. Afin de soigner les différentes maladies, Il fit croître des plantes médicinales. Puis Il leur enseigna où trouver ces plantes et comment les préparer. Il leur accorda un climat doux et tout ce dont ils avaient besoin pour se vêtir et s'abriter... Cela eut lieu au tout début de la création : car Yoséné créa simultanément le peuple Apache et son pays. Et quand viendra le jour où les Apaches seront séparés de leur terre, ils tomberont malades et mourront. Combien de temps s'écoulera-t-il avant que l'on dise qu'il n'y a plus d'Apaches ? "

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    " Geronimo, his own story "
    Cliquez ici pour lire la biographie de Geronimo (en anglais)

     

     

    Il s'appelait Go Khla Yeh (celui qui baille), né en juin 1829 en Arizona, il vivait libre et fier sur la terre de ses ancêtres.

    Le 30 septembre 1859, jour de la Saint-Jérôme, il vengea sa famille massacrée un an auparavant par les Mexicains (massacre de Kas-ki-yeh), en en tuant le plus grand nombre possible, ces derniers tentaient de se défendre en hurlant "Santo Geronimo, Santo Geronimo!".

    Il n'était pas chef et ne l'avait jamais été, mais sa bravoure et son courage durant cette bataille l'élevèrent au rang de "chef de guerre" de toutes les tribus Apaches.

    Entré sur le sentier de la guerre pour défendre les siens, Geronimo, le plus grand des chefs apaches, mena pendant près de quarante ans une guerre sans merci contre l'armée américaine. Il avait compris que l'Homme-Blanc était l'ennemi mortel de son peuple, qu'il voulait "tuer l'âme indienne". Après avoir combattu les Mexicains jusque dans les années 1870, il joua un rôle important lorsque les Apaches*, déportés de force dans une réserve dans l'est de l'Arizona, rompirent la paix avec les États-Unis.

    En 1876, les Apaches furent déportés vers la réserve honnie de San Carlos, située dans la vallée désertique de la rivière Gila. Deux ans plus tard, Geronimo s'enfuit au Mexique ; mais il revint en 1880 après avoir effectué de nombreux raids. Il resta en paix jusqu'à l'automne 1881. Il échappa aux troupes lancées après lui par les Etats Unis et le Mexique pendant plus de deux ans mais finit par se rendre en mai 1883 et retourna à San Carlos.

    En 1885, accompagné de 34 guerriers, 8 adolescents et 92 femmes et enfants, il quitta la réserve et recommença ses raids. Pourchassé par une puissante expédition militaire, il finit par se rendre le 25 mars 1886.

    Il s'enfuit à nouveau avec 18 guerriers et 53 femmes et enfants. Le gouvernement américain lança alors à sa poursuite 5 000 soldats, 500 scouts apaches (éclaireurs) et des milliers de miliciens. Geronimo ne se rendit que cinq mois plus tard, le 4 septembre 1886.

    Les Apaches furent alors déportés comme prisonniers de guerre vers la Floride. Conformément au traité signé par Geronimo avec le gouvernement de l'Union en 1886, ils furent installés en 1894 à Fort Sill dans l'Oklahoma.

    Geronimo visita l'Exposition internationale de Saint Louis et assista à la cérémonie d'investiture du président Théodore Roosevelt, en 1905. La même année, il dicta son autobiographie, Geronimo, sa propre histoire, au journaliste S.M. Barrett.

    Il mourut d'une pneumonie à Fort Sill, le 17 février 1909. Les derniers mots qu'il chanta sur son lit de mort furent : "O Ha Le, O Ha Le" (J'attends que les choses changent!)

     


    La tombe de Geronimo

     

    Apaches: Indiens du sud-ouest des Etats-Unis appartenant au groupe linguistique athapasque. Jadis nomades et chasseurs, ces farouches guerriers, menés par de grands chefs (Victorio, Cochise, Geronimo), furent vaincus par les colons à la fin du XIXe s. Ils vivent aujourd'hui dans des réserves (Arizona, Nouveau-Mexique).


    " Il s'appellera Geronimo parce que Geronimo n'a jamais reculé "

    Le 29 septembre 2001, le navigateur Olivier de Kersauson a baptisé son trimaran Geronimo. Un bel hommage pour un grand guerrier.

    - " Geronimo, parce que dans toute l'histoire de la liberté, des combats, de l'indépendance, de l'amour de la nature Geronimo est exemplaire. Geronimo n'a jamais reculé. En plus je trouvais ça très joli, je ne vous expliquerai pas tout de suite pourquoi mais je vous le dirai un jour "

    - " Ce nom d'Indien me plaît bien, il correspond à une culture de respect et d'observation de la nature, d'efficacité silencieuse aussi

    - " Ce n'est pas innocent. Je ne suis pas un porteur de messages, mais Geronimo, je le trouve marrant, insolite, incohérent, magnifique, odieux. "

    Marrant? Insolite? Incohérent? A chacun sa perception du monde et des êtres qui le peuplent. Car même si nous ne sommes pas du tout d'accord sur ces trois mots, nous avons juste envie de dire Merci Cap'tain, car ainsi Grand Chef , lorsque ce bateau est au large, tu retrouves un peu de ta liberté... 

    Le 17 Février 2002 (date anniversaire de la mort de Geronimo) le trimaran s'élançait à la conquête du Trophée Jules Verne.



    souces / SUPER BLOG - à regarder..... merveille...

    http://www.kayakif.on-web.fr/geronimo/acceuil.htm



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    Harlyn Geronimo vit aujourd’hui sur une réserve du Nouveau-Mexique.
    Homme-médecine, il s’est engagé dans la défense des traditions et des droits de son peuple.

      

      

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