• Oliver Fischer Winchester (1810-1880).

    Oliver Fischer Winchester (1810-1880).

     

    Oliver Fisher Winchester, né à Boston, Massachusetts, le 30/11/1810, décédé à New Haven, Connecticut, le 10/12/1880.

    Le XIXe siècle fut une période riche en bouleversements de toutes sortes, économiques, sociaux, culturels, tant dans le «vieux monde» que sur le «nouveau continent». L'industrie armurière n échappait certes pas à ce mouvement, et même, par moments, le devançait ou le provoquait. La révolution industrielle trouvait dans l'industrie de l'armement un de ses terrains de prédilection, et partout dans le monde, des armuriers, des inventeurs, des bricoleurs s'efforçaient de mettre au point des armes de en plus performantes, plus précises, plus rapides, plus fiables. Pour se protéger et se défendre, mais aussi pour conquérir ou pour dominer ...son voisin, son ennemi, les sauvages, les prédateurs, les malfaisants ou les gêneurs. Dans cette effervescence d'inventions de toutes sortes, des milliers de brevets étaient déposés de par le monde, portant sur des détails infimes ou des inventions extraordinaires, sur de fausses bonnes idées et de vraies trouvailles.
    Parmi tous ces inventeurs, l'histoire n'a pas daigné retenir à son Panthéon le nom de Walter Hunt, installé en 1826 à Brooklyn, et qui déposa en 1848 deux brevets pour un nouveau projectile cylindro-conique intégrant sa charge propulsive de poudre, et pour le fusil qui allait avec pour le tirer. Au milieu d'une épingle de sûreté et d'une machine à coudre, ces brevets n'étaient pour lui qu'une trouvaille parmi d'autres, et une source de revenu accessoire puisqu'il mourut dans la misère, laissant d'autres profiter de ses inventions... Il revendit tout de même ces deux brevets à un dénommé George Harrowsmith, de NewYork, qui s'associa avec Louis Jennings lequel, grâce à un brevet additionnel, perfectionna ces deux premiers brevets. Ils revendirent le tout en 1850 à Courtland Palmer qui, en 1854, s'associa à son tour avec MM. Smith et Wesson (mais oui, ce sont bien les mêmes que ceux auxquels vous pensez...) pour fabriquer et commercialiser armes et munitions. L'affaire ne dut pas leur convenir car en 1855, ils revendirent toutes leurs parts à un groupe capitaliste de New-Haven d'une vingtaine associés (tous commerçants, d'horizons divers mais aucun armurier), dont un certain... Oliver Fisher Winchester, lui même fabriquant... de chemises. La Volcanic Repeating Arms Company ne devait pas être si bonne, car elle fut mise en liquidation dès 1857 ! Pourtant, O. Winchester s'obstina, racheta toutes leurs parts à ses coassociés et transforma la compagnie en New Haven Arms Company. Sans doute considérait-t-il qu'il valait mieux être seul que mal accompagné... Il prit comme directeur technique Benjamin Tyler Henry, qui apporta l'innovation capitale en concevant une munition métallique à percussion annulaire (rimfire), la fameuse cartouche .44 Henry (au calibre de 11, 17 mm). Modifiant le fusil Volcanic pour utiliser au mieux la nouvelle cartouche, en perfectionnant en particulier le verrouillage et l'aiguille de percussion, il donna naissance au fusil Henry, breveté en 1860 et mis sur le marché en 1862, juste à temps pour la guerre de Sécession qui s'annonçait. Hélas, malgré les talents commerciaux d'Oliver Winchester et ses efforts en matière de publicité et de relations publiques, l'arme ne fut pas retenu par l'armée, qui craignait les problèmes logistiques qu'engendrerait inévitablement une augmentation inconsidérée de la cadence de tir ! L'arme se tailla néanmoins un beau succès d'estime, aux mains de nombreuses milices d'Etats en particulier...
    A la fin de la guerre civile, tandis qu'Oliver Winchester rachetait, à l'occasion de la faillite de la Spencer Repeating Ripe Company, les énormes stocks de carabines Spencer invendues qui auraient pu lui constituer une concurrence sérieuse, Benjamin Tyler prit sa retraite, et un autre armurier de talent de la maison Winchester, Nelson King, prit en main le perfectionnement de l'arme. La principale amélioration fut la création d'une portière de chargement sur le côté du boîtier de culasse, permettant de recharger beaucoup plus vite, sans avoir besoin d'ouvrir le magasin par rotation, et dont le ressort n'était plus exposé non plus aux introductions de corps étrangers. Baptisée Winchester model 1866, elle fut rapidement surnommée «Yellow boy» en raison de son boîtier en bronze de couleur jaune...
    Les utilisateurs lui trouvaient cependant encore quelques défauts : un boiter fragile, une cartouche peu puissante, et surtout un dessus de boîtier de culasse ouvert aux intempéries lors de la manoeuvre du levier d'armement... Ils furent corrigés sur la Winchester model 1873, qui avait un boîtier de culasse en acier, souvent bleui, un dust-cover, couvercle de boîtier mobile, et surtout qui voyait l'introduction d'un nouveau calibre, le .44-40 (44/100 de pouce soit 11, 176 mm, et une charge propulsive de 40 grains de poudre (2,60 g), contre 28 pour la cartouche Henry), dotant l'arme d'une vitesse initiale appréciable pour l'époque de 400 m/s. L'adoption de ce même calibre par Colt en 1878 pour son nouveau revolver Colt Single Action Army (le célèbre Peacemaker) donna un formidable coup de pouce aux ventes de Winchester, les utilisateurs saisissant très vite tout l'intérêt qu'ils pouvaient avoir à posséder deux armes (d'épaule et de poing) utilisant la même munition. Le succès était désormais assuré, et il se fabriqua plus de 720 000 exemplaires de ce modèle entre 1873 et 1919 ! Dès lors, les modèles se succédèrent, apportant à chaque fois une amélioration technique ou un nouveau calibre : Model 1874 avec la cartouche .38-40, Model 1875 avec les premières séries spéciales numérotées 1/1000 et 1/100, Model 1876 avec quatre nouveaux calibres (.40-60, .45-60, .45-75, et même .50-95 Express), dont une version courte fut choisie par la North West Mounted Police du Canada (ancêtre de l'actuelle Police Montée, ou RCMP), Model 1886 conçue par John Moses Browning, avec un nouveau système de culasse à deux tenons verticaux mobiles, dont 160 000 exemplaires furent fabriqués, également disponible en calibre .45-70 particulièrement puissant, Model 1892 plus légère, avec trois nouveaux calibres (.32-20, .38-40, .44-40), Model 1894 en calibre .30-30, mais aussi .22 SR et .22 LR.
    Jusqu'alors fidèle à son système d'alimentation par boîtier tubulaire sous le canon, et armement par levier de sous-garde, le Model 1895 voit un bouleversement complet, avec l'apparition d'un boîtier de type Mannlicher d'une contenance de cinq cartouches plus une dans la chambre. Il ouvre la voie aux armes automatiques dont le premier type sera le Winchester Self Loading Rifle Model 1905. Précisons de plus que chacun de ces modèles est disponible en version «fusil» (rifle) avec canon long, un garde-main en bois de demi longueur, une crosse droite ou à poignée demi pistolet, et un magasin tubulaire de la longueur du canon, ou de demi-longueur; en version «mousquet» (musket), ou fusil militaire avec un garde-main en bois de toute la longueur du canon et un tenon de fixation de baïonnette; et surtout en version «carabine» (carbine) à canon court, garde main en bois fixé par une bande de grenadière, et le plus souvent un anneau de suspension du côté gauche. N'oublions pas non plus qu'à côté de ses carabines ou fusils à canon rayé, Winchester a produit (et continue de produire) des fusils de chasse à canon lisse, à un coup, à répétition «à pompe» ou semi-automatique, tous les accessoires, systèmes de visée et matériels de rechargement nécessaires à toutes ses armes, et surtout une gamme de munitions exceptionnellement large, comportant tous les calibres possibles et imaginables, et constituant à elle seule un thème de collection quasi-inépuisable.
    Quant à Oliver Winchester, élu vice-gouverneur du Connecticut en 1866 et 1867, il ne se fit plus dès lors appeler que Governor Winchester, il mourut en 1880 à l'age de 70 ans, laissant un empire à son fils William, qui n'eut guère le loisir d'en profiter, puisqu'il décéda trois mois après son père de la tuberculose. Sa veuve ne s'en remit pas et, prise d'une forme de folie, engloutit sa fortune dans la construction d'un maison démesurée, censée abriter les âmes errantes de tous ceux qui furent tués par des armes Winchester...

    Voir ma page sur Winchester avec tous les modèles d'armes de 1854 à 2000.

      

    sources : http://perso.numericable.com/georgesmcrei/Homme%20Histoire%20Armes.htm

      

     

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