• Les Améridiens ( II )

     Les Amérindiens

    Chanson amérindienne 1, par Gilles Kowacs, métis montagnais, Quebec, Canada 2001
    durée : 3 min 02 s

    © TV5 / Claude Vittiglio
    Chanson mohawk 2, par Gilles Kowacs, métis montagnais, Quebec, Canada 2001  
    durée : 1 min 29 s

    © TV5 / Claude Vittiglio
      

    Portrait du chef iroquois Sa Ga Yeath Qua Pieth Tow (baptisé Brant). John Verelst (vers 1648-1734). Huile sur toile, 1710. Archives publiques du Canada, Ottawa : Division de l'iconographie (négatif n° C-92419).

    « Au moment de l’arrivée des Blancs, ils étaient répartis en groupes organisés, « familles » ou « nations ». Certains étaient nomades, tels les Montagnais, les Micmacs, les Cris et les Outaouais. D’autres avaient déjà opté pour la sédentarisation: la famille iroquoienne vivait dans des maison longues et des villages palissadés. Pour les uns, la chasse et la pêche fournissaient l’essentiel de l’alimentation. Les autres y ajoutaient des produits agricoles, tels les courges ou le maïs, que les Européens appelleront blé d’Inde.

    Parfaitement au climat, les Amérindiens savaient s’habiller légèrement de peaux souples, se chausser de mocassins et de raquelltes  se déplacer le long des « chemins qui marchent » avec des canots d`écorce. Ils fumaient aussi le tabac, une de ces solanés du continent nord-américain promises à un grand avenir comme la pomme de terre et la tomate.» (TETU De LABSADE, Franςoise (1990): Le Québec. Un pays, une culture, Montréal : Boréal/Seuil : 41-42.)

     

    Connaissance des Indiens
    Les autochtones nord-américains sont connus grâce aux écrits et en particulier aux récits de voyage des missionnaires, officiers ou voyageurs français. Ces agents français connaissent le territoire grâce aux autochtones qu'ils essaient de répertorier en groupes, à l'aide de noms de tribus parfois totalement inventés. Pour chiffrer cette population, les administrateurs s'efforcent de dénombrer les guerriers. En général, les Français s'intéressent aux cultures autochtones par curiosité et par goût de l'exotisme. Le mythe du « bon sauvage » a également été créé. Celui-ci permet par un jeu d'opposition entre le « sauvage » et l'homme occidental de critiquer indirectement ce dernier. Le désir fondamental de ces explorateurs (de l'officier militaire au jésuite) est de civiliser les Indiens et de les convertir à la « vraie foi », le catholicisme. Mais pour cela il leur faut gagner la confiance des autochtones ce qui les pousse à apprendre leur langue, leurs mœurs, et qui a certainement abouti au bon fonctionnement de l'alliance franco-indienne.

    Le métissage
    Les unions entre Français et Indiens ont été encouragées tout au long du XVII° siècle. Elles peuvent avoir plusieurs formes : concubinages, mariages chrétiens ou encore mariage selon le rituel indien. Le but est de pallier le manque de femmes blanches et d'intégrer les Indiennes à la société. Les militaires fréquentent également très souvent les Indiennes qui les font profiter de leurs savoirs (nourriture, vêtements, plantes médicinales). Ainsi les explorateurs et coureurs des bois s'indianisent au contact des Indiens et font naître le mythe de l'indien blanc. Cette rencontre aboutira soit à la métamorphose du Blanc en une créature hibride, à mi-chemin entre les deux cultures, soit à l'annihilation de l'Indien par la réclusion dans une réserve.

    Les alliances franco-indiennes

    L'Amérique dite « française » mériterait plutôt l'appellation d'Amérique « franco-indienne » au vu de l'importance de ces derniers dans divers domaines : alliés militaires, guides, fournisseurs de peau et de nourriture et enfin partenaires sexuels.

    La fondation des alliances
    Au XVI siècle, les tentatives de colonisation se soldent le plus souvent par des échecs. Ils sont dûs en partie à la volonté des Français de s'imposer en dominateurs et parfois même en arbitres chez les autochtones. A la fin du XVI° siècle, les Français optent pour une politique d'alliance avec les Indiens (1603 : tabagie de Tadoussac réunissant Français et Montagnais, Algonquins, Etchemins). Un immense réseau diplomatique se met alors en place, avec des échanges de fourrures contre des produits européens. Les Français s'allient en particulier avec les Hurons en 1609, mais la confédération huronne est détruite par les Iroquois, alliés des Hollandais, en 1648-50. Le réseau des Français s'élargit alors géographiquement, car privés de l'intermédiaire des Hurons, ils doivent aller directement au contact des autochtones. Ces alliances sont entretenues par la présence d'officiers français et par les visites d'ambassadeurs autochtones aux gouverneurs français.

    L'alliance militaire
    En s'alliant avec les Indiens, les Français se doivent de participer à leurs opérations guerrières comme Champlain qui suit les Hurons et leurs alliés sur la piste de leurs ennemis, ce qui augmente d'ailleurs son prestige de chef de guerre. Inversement les Français se servent aussi de la force de leurs alliés indiens dans leurs combats contre les Iroquois et les Britanniques. Une paix durable entre Français et Iroquois est finalement conclue en 1701 à Montréal. Les auxiliaires autochtones sont en effet indispensables, comme force numérique mais aussi comme guides. Cependant les Indiens ne s'enrôlent pas dans l'armée française mais rendent plutôt des services « occasionnels » qu'ils se font payer. Les tensions franco-indiennes restent présentes, notamment en Louisiane.

    « Civiliser » et convertir
    Entre 1620 et 1680, Champlain puis Colbert mènent une politique d'assimilation et de soumission des dits « Sauvages » considérés comme sans loi, sans roi, sans police, sans science ni religion. La francisation passe par l'éducation des jeunes Indiens placés dans des pensionnats vite désertés et par la tentative de fixation des tribus nomades, elle aussi un échec. Le métissage conduit le plus souvent à l' « ensauvagement » des Français. Les missionnaires se heurtent aux traditions indiennes et échouent également dans leur entreprise de conversion, les Indiens n'adhérant que superficiellementau dieu chrétien. La francisation n'a donc pas abouti.

    Vivre ensemble
    Les Français vivent tout de même à proximité, voire parmi les Indiens, ce qui suscite d'importants transferts culturels. Les autochtones sont en effet attirés par la commodité des objets européens. Les Français afin d'améliorer leurs conditions de vie dans le pays, s'initient aux langues indiennes, chaussent des mocassins, fabriquent des canots. Certaines traditions grossières font également l’objet d’un transfert : des officiers allant parfois jusqu’à scalper leurs ennemis.

    (Pour approfondir cf. Delâge, Denis,1990: Le pays renversé. Amérindiens et Européens en Amérique du Nord-Est 1600-1664. Montréal : Boréal; Vincent, Sylvie/ Arcand, Bernard, 1979: L’image de l’Amérindien dans les manuels scolaires du Québec. Comment les Québécois ne sont pas des sauvages. Montréal : Hurtubise HMH; Trigger, Bruce-G., 1990: Les Indiens, la fourrure et les Blancs. Paris, Montgréal : Seuil, Boréal.; Trigger, Bruce-G.,1992 : Les Amérindiens et l'âge héroïque de la Nouvelle-France. Éd. rév. 1989. Ottawa: Soc. Historique du Canada; Dickinson, John,1982 : « La guerre iroquoise et la mortalité en Nouvelle-France 1608-1666 ». Revue d’histoire de l’Amérique française 36,1 : 31-54. - Le Jeune, Père Paul (supérieur de la residence de Kebec) (1635): Relation de ce qui s'est passe en la Nouvelle-France en l'annee 1634. Envoyee au R. Pere [Barth. Jacquinot], provincial de la Compagnie de Jesus en la province de France. (cf. Gallica.bnf.fr.), - Lafitau, Joseph-François (1724): Moeurs des sauvages ameriquains, comparées aux moeurs des premiers temps.Ouvrage enrichi de figures en taille-douce ; tome premier[-second]. A Paris : Chez Saugrain l'aîné ... : Charles Estienne Hochereau. (cf. Gallica.bnf.fr.)
      
      
     
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