• l'Histoire de l'OUEST : Les armes mythiques

    L'histoire de l'Ouest : mythe et réalité
     
    La saga des armes de l'ouest
      

     

    Gérard Camy, chef de travaux BTS audiovisuel Lycée Carnot, Cannes.
    Quand les pionniers débarquent au 18ème siècle, leurs armes ne sont pas vraiment adaptées aux multiples utilisations qu’ils en font. Fruit d’une réflexion et de l’union de plusieurs armuriers, le célèbre fusil Kentucky est créé en 1776. C’est l’arme des trappeurs par excellence (Daniel Boone en possède plusieurs). Avec le 19ème siècle, des améliorations se font jour. D’abord l’amorce remplace le silex pour la mise à feu, puis le chargement se fait bientôt par la culasse. Le fusil Sharps, du nom de son inventeur, conjugue toute ses nouveautés et porte le coup de grâce au bon vieux Kentucky.
    Contrairement à ce que l'on croit habituellement, les armes de poing qui ont le plus marqué la conquête de l'Ouest, n'ont pas été les revolvers, mais les poivrières. Ces dernières se sont répandues plus rapidement en raison de leurs prix très inférieurs. Au moment de la ruée vers l'or, le prix de vente d'une poivrière, sur la côte Est, est d'environ 15 dollars; celui d'un Colt, de faible calibre, de 25 dollars. En Californie, la poivrière est revendue 30 dollars, le revolver 250. Il faut dire que le revolver est beaucoup plus précis, largement plus fiable, bien plus efficace.
    Les premières armes de ce type étaient composées de plusieurs canons tournant autour d'un axe devant un chien unique. Elles se manœuvraient à la main, comme une poivrière (d’où le nom). Les premières poivrières à percussion apparaissent en 1820. Dès 1830, sont inventés les premiers mécanismes à simple action qui permettent aux canons de tourner automatiquement quand on arme le chien à la main. En 1837, suivent les premiers mécanismes à double action, qui non seulement font tourner les canons à l'armement du chien, mais arment aussi le chien quand l'on appuie sur la détente. Les poivrières sont alors les armes les plus rapides et les plus faciles d'emploi de l'époque. Mais les premiers revolver font leur apparition. Smith & Wesson, Remington, Derringer, Springfield, Browning,… autant de nom liés aux armes et à la conquête de l’Ouest. Pourtant il en est deux qui surpassent tous les autres intégrant même le mythe après avoir largement contribué à cette grande aventure des pionniers : Colt et Winchester.

    Samuel Colt (1814-1862) invente le revolver
    Le nom de Samuel Colt est indissolublement lié à l’histoire de l’Ouest américain. Dès son jeune âge, il montre un grand intérêt pour les armes et explosifs. Il aurait été expulsé à 16 ans de l’école où il étudiait les sciences, après avoir détruit l'immeuble pendant une expérience ! Son père, propriétaire d'une fabrique de tissus, l'envoie en voyage en Europe et en Inde. Ce serait en observant le mécanisme pour remonter l'ancre sur un bateau que le jeune Samuel aurait eu l’idée de son premier revolver ! Légende ou réalité… peu importe. Ce qui est certain, c’est que pour se procurer l’argent nécessaire à ses ambitions d’armurier, il se fait représentant de commerce et part à la recherche de quelques mécènes compréhensifs qu’il finit par trouver. En mars 1836, il fonde la « Patent Arms Manufacturing Company » à Paterson dans le New Jersey. L’année suivante, sort de sa fabrique son premier pistolet à barillet appelé « revolver » : le colt Paterson décliné en différents calibres (28, 31, 36).
    Cette arme de poing à répétition, capable de tirer cinq coups successivement grâce à son magasin rotatif présentant une nouvelle cartouche dans l'axe du canon à chaque action du mécanisme, est une petite révolution dans le monde des armes. Le mouvement du barillet était couplé à celui du chien, avec blocage dans l'alignement du canon au moment du tir, par l'engagement d'un arrêtoir dans un cran sur le corps du barillet. Le barillet qui contient les cartouches est généralement basculant. Une fois débloqué, il sort généralement à gauche de la carcasse pour un chargement simplifié par l’avant. Les brevets déposés garantissent à Colt le monopole de fabrication jusqu'en 1857. Ses droits couvraient son système à barillet et l’amorçage des charges.
    Dès 1837, Samuel Colt fabrique aussi des fusils et des carabines (fusil léger, au canon souvent court et rayé) à répétition suivant le système des revolvers Paterson. Mais le succès n’est pas au rendez-vous.
    COLT PATERSON
    Successivement, le lourd colt Walker en 1846 (pesant plus de deux kilos et mesurant plus de 40 centimètres, il n’est pas étudié pour être porté à la ceinture mais dans un étui accroché au pommeau de la selle) et le colt Dragoon en 1848 (plus léger et plus court, ,il équipe la cavalerie américaine) sortent des usines Colt. Dans les années 1850 et 1860, la célèbre firme décline son revolver en plusieurs modèles : Pocket Baby Dragoon, Pocket, Wells & Fargo, Navy, Army, Police… et surtout les deux plus célèbres de l’Ouest, revolver à cartouches métalliques, le Peacemaker calibre 45 et le Frontier (calibre 45 puis 44 en 1878 pour utiliser les mêmes cartouches que la Winchester) construits dans les années 1870 avec des barillets forés de part en part.
    C’est aussi dans ces années 1850 que Colt reprend la fabrication de fusils et de carabines à répétition (mousquets-revolvers) avec chargement latéral et au calibre 44. Malgré la concurrence de la Winchester, et le défaut très dangereux pour l’utilisateur de voir s’enflammer simultanément plusieurs chambres (les premières années surtout), il en vendra près de vingt mille. Dans les années 1880, la firme Colt décline un nouveau fusil-carabine à répétition et chargement tubulaire (quinze cartouches) en trois formats les « Lightning magazine Rifle » mais ne pourra détrôner la Winchester dans les contrées de l’Ouest.
    L'USINE COLT


    La concurrence de Smith & Wesson
    En 1854, Horace Smith et Daniel B. Wesson mettent au point et font breveter une cartouche métallique à percussion annulaire. Mais son petit calibre (22 Long Rifle) empêche son utilisation dans la plupart des revolvers. On trouvera donc toujours, malgré leurs défauts, des revolvers à percussion, jusqu’en 1880. Il faut dire, aussi, qu'au fin fond de l'Ouest sauvage, les cartouches arrivaient mal, il était plus pratique de couler soi-même ses balles rondes. En 1855, un certain Rollin White a l'idée de forer de part en part le barillet des revolvers, autorisant ainsi le chargement par l'arrière. Il approche Colt pour lui proposer une exploitation commerciale. Ce dernier juge la nouveauté sans intérêt. C’est finalement la firme Smith & Wesson qui en achète les droits en 1856, bien contente de pouvoir exploiter le seul type de barillet susceptible de fonctionner avec ses nouvelles cartouches. L'expiration du brevet Colt (1857) sur le barillet permet à au célèbre duo d’établir une exclusivité sur les barillets forés de part en part jusqu'en 1869.
    Toujours en 1854, Smith & Wesson achètent à Lewis Jennings le brevet d’un mécanisme à répétition entièrement nouveau, dérivé d’un système inventé par Walter Hunt en 1848 : un fusil à répétition à magasin tubulaire sous le canon. Le duo demande à l’ingénieur B. Tyler Henry quelques améliorations (magasin porté de vingt à trente cartouches) et décide de le fabriquer dans leur « Vocanic Repeating Arms Company ». Actionné par un levier formant pontet, un système coudé met en mouvement une culasse coulissante qui va prendre les cartouches situées dans un magasin tubulaire sous le canon pour les amener dans le canon, et arme le chien. Le fusil Volcanic doit porter un terrible coup au fusil à répétition (7 cartouches dans un magasin tubulaire) que Christopher Spencer avait mis sur le marché dans les années 1840. Déception. La faible portée des cartouches Volcanic casse l’image de ce fusil et la firme fait faillite en 1857.

    Oliver F. Winchester (1810-1880) invente la carabine la plus célèbre de l’Ouest
    La firme « Volcanic » et le brevet du fusil à répétition sont rachetés pour quelques dollars par Oliver F. Winchester, un très riche fabricant de chemises et pantalons en "toile jean" de Boston. Celui-ci demande des améliorations à l'ingénieur Tyler Henry, notamment au plan de la puissance en l'adaptant aux cartouches métalliques de calibre 36 ( 1860 ) puis 44 ( 1862).
    Il le nomme directeur général et baptise son usine : « Henry Repeating Arms Company. » En 1862, le premier fusil Henry est présenté. Cette arme légère fait sensation avec ses seize cartouches tirées en dix secondes et sa précision jusqu’à 200 mètres. La production est lancée en série malgré les réticences de l’armée qui trouve la cartouche trop peu puissante, et reste très attachée au fusil Springfield (calibre 45). Lors de la guerre de Sécession, un autre fusil à répétition est mis en concurrence avec les deux autres : la carabine Spencer, à magasin tubulaire également, mais dans la crosse et à temps de rechargement plus lent pour ses 7 coups que la Winchester pour ses 15.
    Dès 1837, Samuel Colt fabrique aussi des fusils et des carabines (fusil léger, au canon souvent court et rayé) à répétition suivant le système des revolvers Paterson. Mais le succès n’est pas au rendez-vous.
    En 1866, Nelson King, le successeur de Tyler Henry dote le fusil Henry d’un meilleur système pour extraire les étuis de cartouches et pratique sur le côté droit de la carcasse une ouverture permettant d’introduire la poudre. La fabrique est rebaptisée « Winchester Repeating Arms Company » et le nouveau modèle présenté sous le nom de Winchester 1866 surnommé yellow Boy. Il sera décliné en trois versions , mousquet (canon de 27 pouces), fusil (canon de 24 pouces) carabine (canon de 20 pouces). Dans ces années 1860, le succès est énorme. Entre 1866 et 1873, la firme vendra près de 120 000 fusils.
    FUSIL HENRY 1860


    WINCHESTER 66
    Avec le modèle Winchester 73, L’ancien marchand de chemises fait fortune. Carabine ou fusil, elle devient l’arme la plus répandue dans l’Ouest et sera surnommée « le fusil qui conquit l’Ouest ». Le cinéma saura aussi la mettre en valeur dans de nombreux westerns et Anthony Mann la glorifiera même dans un film qui porte son nom. Décliné toujours en trois versions (c’est la carabine qui a les faveurs du 7ème Art), le modèle, renforcée et sécurisé par rapport au précédent, ne change pas de calibre (44) mais la cartouche à percussion centrale (et plus annulaire) voit sa charge de poudre augmentée. Appréciée pour sa robustesse, sa légèreté et sa rapidité, la carabine fait le bonheur des chasseurs et s’avère très efficace contre les Indiens.
    FUSIL ET CARABINE WINCHESTER 73
    En 1876, la firme sort un gros modèle la Winchester 76 pour les chasseurs de gros gibiers (calibres 45 et 50).
    FUSIL ET CARABINE WINCHESTER 76
    En 1878, la firme Colt adapte son modèle Frontier (calibre 45) à la cartouche 44. La Winchester 73 pour tenir ses ennemis éloignés et le colt Frontier pour les combats rapprochés constituent alors une combinaison très idéale pour les hommes de l’Ouest qui n’ont plus besoin que d’une cartouchière. Plus de 700 000 carabines furent mises sur le marché.
    En 1885, la firme engage un jeune ingénieur prometteur, John Moses Browning (1855-1926). Il met au point une carabine à un coup et l’année suivante, il modifie le dispositif de chargement pour supporter de lourdes charges sur la série « Winchester à répétition ». C’est la Winchester 86
    MODELE A UN COUP CRÉÉ PAR BROWNING POUR WINCHESTER
    FUSIL ET CARABINE WINCHESTER 86
    En 1892, la firme, toujours avec Browning, lance une version miniaturisée du lourd fusil 86 qui doit remplacer la célèbre version 73. Mais les grandes pages de la conquête de l’Ouest sont maintenant tournées. Pourtant cette Winchester 92 (calibre 44 mais aussi 38, 32, 25) sera fabriquée jusqu’en 1941 et plus d’un million d’exemplaires sortiront de l’usine.
    FUSIL ET CARABINE WINCHESTER 92
    En 1894, une arme légère, pour la chasse au calibre 30 ou 32 est mise sur le marché. Cette Winchester 94, pratique et maniable devient l’arme du western hollywoodien. Peu importe l’année où se passe le film, tous les westerners du cinéma ou de la télévision la portent dans leur étui de selle.
    FUSIL ET CARABINE WINCHESTER « HOLLYWOOD » 94

    Enfin en 1895, pour résister à la déflagration plus forte causée par la nouvelle poudre de nitrate sans fumée (remplaçant la célèbre poudre noire), la firme sort un modèle (Winchester 95) construit jusqu’en 1942. C’est la dernière création d’envergure de Browning pour Winchester. Il quitte définitivement la firme Winchester en 1901, pour voler de ses propres armes. D’autres modèles verront le jour au vingtième siècle.

    sources : http://www.ac-nancy-metz.fr/cinemav/plaine/html/th_histm4.html

    LES DERNIERES CREATIONS DE BROWNING EN 1895
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