Une étude indépendante a jeté plus de doutes sur une théorie controversée selon laquelle une comète aurait explosé au-dessus de l'Amérique du Nord il y a près de 13.000 ans, effaçant le peuple Clovis et beaucoup de grands animaux du continent.
Pointe Clovis
Des archéologues ont étudié des sédiments de sept sites de la période Clovis à travers les États-Unis, et n'ont pas trouvé suffisament de débris magnétiques cosmiques pour confirmer qu'un impact extraterrestre a eu lieu à ce moment-là. Il s'agit de la dernière étude à ne pouvoir soutenir les aspects de l'hypothèse de l'impact.
En 2007, une équipe menée par des chercheurs californiens annonçait une théorie selon laquelle une comète ou un astéroïde avait explosé au-dessus de la feuille de glace en Amérique du Nord, créant des incendies et une saturation de l'atmosphère en suie; s'en suivait une période de refroidissement dénommé Nouveau Dryas (Younger Dryas).
Quelque temps après cela, le peuple Clovis, spécialisé dans la chasse de gros animaux et connus pour leurs pointes de lance, a mystérieusement disparu, l'équipe a lié leur disparition aux effets environnementaux de l'impact supposé.
Les preuves en étaient des microsphérules magnétiques découvertes dans des sédiments à 25 endroits, dont huit sites de la période Clovis.
Richard Firestone, du laboratoire national Lawrence Berkeley, en Californie, et ses collègues ont fait valoir que les microsphérules étaient des restes de débris cosmiques suite à une explosion.
Mais en plus de 18 mois d'analyse sédimentaire, une équipe dirigée par Todd Surovell, un archéologue à l'Université du Wyoming, à Laramie, a été incapable de détecter des pics de microspherules. Deux des sept sites étudiés étaient des lieux où l'équipe de Firestone a identifiés des pics de sphérules.
"J'ai passé des centaines d'heures à l'examen au microscope des échantillons de sédiments", explique Surovell, "et je n'ai trouvé aucune preuve matérielle appuyant leur théorie."
D'après James Kennett, paleocéanographe à l'Université de Californie à Santa Barbara, et co-auteur de Firestone, cette étude ne contredit pas leur hypothèses. Un autre co-auteur, Allen West de Prescott, en Arizona, affirme que le groupe Surovell n'a pas utilisé la bonne technique pour extraire, identifier et quantifier les microsphérules.
Cependant plusieurs autres groupes ont été incapables de soutenir des aspects essentiels de la théorie de la comète.
Jennifer Marlon, un étudiant de doctorat de géographie à l'Université de l'Oregon à Eugene, et ses collègues n'ont constaté aucun brûlage systématique de la biomasse (qui aurait eu lieu s'il y avait eu des incendies à l'échelle du continent) au moment du Nouveau Dryas dans les données de pollen et de charbon de bois provenant de 35 sites.
De leur côté, Kennett et son équipe ont publié en août dernier un rapport disant qu'ils avaient trouvé des diamants de la taille du nanomètre, prétendument créé lors d'un impact, et de la suie dans les sédiments datés du Dryas récent sur l'Ile Santa Rosa, au large des côtes Californiennes.
Liens:
- Lawrence Berkeley National Laboratory: http://www.lbl.gov/
- Richard Firestone: fiche, email
- University of Wyoming: http://www.uwyo.edu/
- Todd Surovell: fiche, email
- Université de Californie à Santa Barbara: http://www.ucsb.edu/
- James Kennett: fiche, email
Depuis 1927, la théorie prédominante quant à l'origine des humains en Amérique du Nord est celle de la migration via de détroit de Béring.
Il y a environ 13 000 ans, le niveau de la mer étant plus bas qu'aujourd'hui, des tribus asiatiques venues de Mongolie ou de Sibérie auraient alors traversé le détroit à pied, de l'Asie à l'Alaska, en empruntant un passage qui est maintenant inondé.
La théorie prétend qu'ils auraient alors peuplé l'Amérique toute entière et qu'ils seraient les ancêtres de tous les peuples autochtones du continent.
On a baptisé ces gens les «chasseurs Clovis».
Les chasseurs Clovis ont effectivement existé.
Les seules traces de cette ancienne culture qui ont survécu jusqu'à nos jours sont des pointes de lances, des outils de pierre et des os d'animaux qu'on a découverts un peu partout en Amérique du Nord.
On sait qu'ils chassaient le gros gibier comme le bison et le mammouth.
Ils ont très probablement joué une rôle important dans la disparition de plusieurs mammifères géants du continent. Mais ces gens sont-ils vraiment les seuls ancêtres des peuples amérindiens? Auraient-ils pu envahir ce gigantesque continent, de l'Alaska au Chili, en une très courte période de temps? Leur langue aurait-elle pu se diversifier en un si grand nombre de langues qui ne démontrent souvent plus aucun lien de parenté?
Et que dire des tests d'ADN qui ne démontrent aucune filiation entre certains groupes?
De nouvelles découvertes archéologiques remettent ce paradigme en question. Voici quelques-unes des théories les plus plausibles.
Le pont intercontinental
La théorie traditionnelle de la migration via le détroit de Béring dépend de deux conditions.
Premièrement, elle suppose que le très bas niveau de la mer ait créé un passage entre la Sibérie et l'Alaska.
On sait de source sûre que c'était effectivement le cas.
Les humains n'auraient d'ailleurs pas été les premiers à emprunter ce pont naturel. Plusieurs espèces d'animaux dont les mammouths et les caribous l'auraient fait avant eux.
La deuxième condition est l'existence d'un étroit corridor à travers le grand glacier qui recouvrait alors tout le Canada et qui aurait permis à ces voyageurs d'atteindre les plaines américaines.
Des tests ont démontré que les plus anciennes traces d'occupation humaine en Amérique datent d'il y a environ 17 000 ans. Or, à cette époque, le fameux corridor permettant de traverser le glacier n'existait pas encore. Il n'est apparu que 3000 ans plus tard! Les dates ne coincident pas du tout.
La route côtière
Des scientifiques suggèrent que les premiers immigrants en Amérique auraient pu suivre les côtes en bateau.
La déglaciation des côtes de l'Amérique du Nord aurait effectivement débuté il y a environ 17 000 ans.
Des fouilles ont démontré qu'il y avait à cette époque suffisament d'animaux et de poissons sur ces côtes pour nourrir une population humaine.
De plus, la plupart des langues amérindiennes semblent être des cousines de certaines langues asiatiques, ce qui semble appuyer cette théorie.
La route du Pacifique
D'autres scientifiques croient plutôt que les premiers habitants de l'Amérique auraient traversé le plus grand océan de la terre en bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud. On a découvert des squelettes incomplets et les restes d'un village à Monte Verde au Chili qui datent d'il y a 15 000 ans. Les squelettes semblent exhiber des caractéristiques typiques des peuples polynésiens ou des Aborigènes d'Australie (mais sûrement rien en commun avec les peuples de Sibérie ou de Mongolie). De nouvelles fouilles semblent également prouver que des populations humaines bien adaptées et établies se développaient partout en Amérique du Sud il y a au moins 13 000 ans, bien avant que les chasseurs Clovis ne se répandent partout en Amérique du Nord. De plus, la technologie des peuples du sud ne présente aucune caractéristique commune avec celle des peuples du nord.
La route de l'Atlantique
La plus récente théorie est celle qui suppose une migration humaine venue d'Europe. Des scientifiques ont découvert de surprenantes similitudes entre la culture Clovis d'Amérique du Nord et la culture des Solutréens qui occupaient le nord de l'Espagne il y a environ 19 000 ans. De récentes études ont également permis de découvrir des similitudes génétiques entre certaines populations amérindiennes et européennes, caractéristiques qui n'existent pas chez les Asiatiques. Cette hypothèse suppose donc que des Solutréens auraient été capables de suivre en bateau les côtes de l'ancien glacier qui recouvrait l'Atlantique Nord, se nourrissant peut-être de poissons en chemin.
C'est possible. Après tout, on sait de source sûre que les premiers humains ont atteint l'Australie en bateau il y a au moins 40 000 ans! On sait aussi que les premiers Européens étaient capables de naviguer jusqu'aux îles de la Méditerranée il y a au moins 14 000 ans. Pourquoi les Solutréens n'auraient-ils donc pas été capables de faire de même? On sait aussi que lors de la dernière ère glaciaire, il y a 18 000 ans, la presque totalité de l'Europe était recouverte de glaciers. La compétition pour des terres habitables devait être très féroce et certaines populations auraient pu êtres tentées d'aller voir ailleurs.
En 1996, deux étudiants firent la découverte d'un squelette dans l'état de Washington aux États-Unis. Le squelette était en excellente condition et les premières observations du crâne révélèrent qu'il s'agissait d'un homme d'origine européenne. On découvrit alors le bout d'une ancienne pointe de lance dans l'os de la hanche, ce qui souleva plusieurs interrogations quant à son âge. À la surprise générale, la datation du squelette révéla que celui-ci était vieux d'environ 9460 ans! On a baptisé cette incroyable découverte «l'homme de Kennewick».
L'homme de Kennewick était d'âge moyen et mesurait environ 5 pieds 10 pouces. Ses os montrent des traces de plusieurs blessures aux hanches, aux côtes, au front et au coude gauche. En se servant d'un moule du crâne, les anatomistes James C. Chatters et Thomas McClelland ont reconstruit, muscle par muscle, le visage de l'homme de Kennewick. Une fois la reproduction terminée, le visage montre des traits étrangement européens. L'ajout des cheveux et de la barbe nous révèle l'apparence possible de ce visiteur d'un lointain passé. Serait-ce la preuve d'une ancienne migration européenne en Amérique du Nord?
Qui dit vrai?
À mon humble avis, c'est une erreur de se limiter à une seule des ces quatre théories.
Chacune d'elle semble plausible et pourquoi ne le seraient-elles pas toutes? Le peuplement des Amériques ne s'est pas effectué d'un seul coup comme on l'a longtemps cru, mais a probablement été le fruit de plusieurs migrations successives au cours des millénaires. Les différents groupes se sont probablement mélangés suite à des alliances et d'autres ont sûrement exterminé leurs voisins dans des guerres sanglantes. Le résultat de cette longue et complexe préhistoire est l'Amérique telle que la découvrirent les explorateurs européens des XVe et XVIe siècles; une terre où évoluèrent des cultures riches et variées et dont les origines se perdent dans la nuit des temps. La longue préhistoire des Amériques demeurera peut-être toujours un grand mystère.
http://dom-i-ni-c.skyrock.com/2081116423-L-origine-des-peuples-d-Amerique.html